Les barons du JUCH

Seigneurs de haut lignage

Loin, des rumeurs et de l’agitation des villes, l’ample vallon du Juch, avec ses “Ménez  » coiffés de taillis, d’ajoncs et de fougères, ses gras pâturages et la glèbe brune de ses champs, respire la sérénité et la douceur de vivre.
Au flan d’un mamelon escarpé se dresse la remarquable église du vieux bourg, poème de pierre figé dans l’éternité du ciel cornouaillais. Aujourd’hui calme et paisible, Le Juch était Jadis une ruche bourdonnante et prospère, quand bruissaient ses foires et ses marchés et aussi sa ….prison , ou vociféraient les bandits de grands chemin.
Au Moyen-âge, les barons du Juch étaient de puissants seigneurs dont certains s’en allèrent sous la bannière des croisés, combattre les infidèles en Terre Sainte.
Les sires du Juch furent capitaines et gouverneurs des villes-closes de Quimper et Concarneau, chambellans des ducs de Bretagne et des rois du France….

Fondateurs et bienfaiteurs

M.de Courcy nous dit que les seigneurs du Juch, barons du dit lieu, étaient sieurs de Toulancoat et de Porzmarch, en Ploaré, de Pratanroux, à Penhars, du Mur, en Saint-Evarzec, et de Troheir, en Kerfeunteun. Nous parlerons des devoirs auxquels ils étaient sujets en cette dernière qualité, vis-à-vis des Evêques de Cornouailles, lorsque nous donnerons la notice de Kerfeunteun.

Ils avaient pour armes : d’azur au lion d’argent armé et lampassé de gueules ; devise : Bien sûr et La non pareille.

Le sire du Juch figure à l’ost du duc à Ploërmel en 1294. M. de Courcy dit que la branche ainée a été fondue en 1501 dans du Chastel. D’après le procès-verbal de prééminences cité plus haut, au XVIIe siècle, la terre du Juch était possédée par le marquis de Molac et les Rosmadec.

Les seigneurs du Juch furent donc les fondateurs et bienfaiteurs de la précieuse chapelle Notre Dame. Mais ils étaient aussi fort attachés aux Pères Cordeliers de Quimper et ils possédaient dans leur église une chapelle dite du « Juch », puis du Chastel, dans laquelle ils demandaient le plus souvent à être inhumés. ils possédaient aussi, au couvent Saint François à Quimper une chapelle, qui leur servait également de sépulture. Ainsi, en 1369, on y transporte les restes d’Hervé du Juch,  » illustre chevalier « , mort en Espagne, où il avait accompagné Du Guesclin quand ce dernier débarrassa la France des  » Grandes compagnies “. 

En 1429, Henri du Juch (bénéficus specialis ordinis) y fut également inhumé. De même, en 1462, le chevalier Hervé du Juch, et en 1468 Jean du Juch, écuyer, père de Henri du Juch qui, suivant le nécrologe  « supra id quod dici potest dilexít fratrum ordinem ›› ; ce dernier mourut en son château du Mur, à Saint-Evarzec.

Les derniers seigneurs de ce nom inhumés aux Cordeliers furent, en 1501, Hervé du Juch, seigneur de Pratanroux, capitaine de la ville de Quimper, qui mourut regretté de tous : « Sepultus cum planclu onmium ››, et en 1534, Raoul du Juch, qui demanda à être enseveli avec l’habit des Frères mineurs.

Après le mariage, en 1501, de Damoiselle Marie du Juch avec le noble Tanguy du Chastel, la terre du Juch appartint aux Bouyon de la Moussaye, aux Rosmadec, aux Névet et aux Franquetot de Coigny. 

On peut croire que les paroissiens du Juch n’eurent pas à se plaindre de seigneurs qui montraient de si beaux sentiments de piété.

Ce qu’il en reste

Au siècle dernier, Le Juch possédait encore de notables vestiges du fier castel féodal qui fut longtemps la résidence de ses preux chevaliers, et qui édifié sur le coteau abrupt, aux flancs escarpes, occupait la partie la plus élevée du bourg et commandait toute la vallée.

En 1836, Emile Souvestre y trouva encore quelques pans de murs et une immense fenêtre. Depuis, toutes les pierres ont servi à des constructions nouvelles, mais au cours de ces dernières années, le propriétaire, Mr Ronan de Kéroulas, est parvenu au cours de longs et patients travaux, à retrouver intactes les substructions de l’enceinte du château et des tours d’angle. Le déblaiement du puits, profond de 24 m, a permis de découvrir de nombreuses poteries qui montrèrent l’occupation du site entre le XI ème et le XVII ème siècle.

Vers le milieu du XVII ème siècle, il est en ruines : un texte de 1638 l’attestant. En l’absence de fouilles archéologiques, il est impossible de donner une époque de construction précise aux derniers vestiges.

 » A MON AYDE, NOSTRE DAME DU JUCH “

Une grande pierre sculptée, qui proviendrait du grand portail et sur laquelle deux anges soutiennent un timbre frustre et une banderole chargée d’une longue inscription, est conservée près de l’église.
Cette inscription en caractère gothique se lirait ainsi :
 » A MON AYDE, NOSTRE DAME DU JUCH “

L’achat récent de la commune de ce piton rocheux appelé « Le ZAL » nous permettra certainement d’en savoir plus sur les fondations de ce château.