Extrait du livre réalisé par Gérard Le Moigne
Données historiques
Les seigneurs du Juch implantèrent leur forteresse à six kilomètres du bourg de Ploaré, chef-lieu de la paroisse. Ils profitèrent de la présence d`un piton rocheux au milieu de la vallée pour y asseoir la construction. La présence d’un relief aisément défendable explique en partie le choix du site: la forteresse se dresse au sommet d’un mamelon qui domine la rivière de près de 30 mètres. Ce relief constitue un emplacement défensif de premier ordre, bien que l’aménagement humain de ses abords soit rendu difficile par la présence à l’ouest des versants d’une colline, ce qui ne comptait guère à une époque où la portée des armes de jet n’excédait pas quelques dizaines de mètres.
Les origines du château sont inconnue
Le site : les rapports entre le château et le village
Le bourg du Juch est resté de taille modeste en raison des contraintes topographiques mais aussi de l’éloignement de Ploaré, centre religieux de la paroisse. On a souvent désigné l’église du Juch comme étant l’ancienne «chapelle castrale››, en dépit de la présence d’un tel édifice au sein du château lui même. . Il semble probable qu’une basse-cour fut établie en avant du château. Elle abritait les communs, les écuries, les logements des serviteurs et de la garnison qui ne purent tous être édifiés dans la forteresse. Ce type de dispositif correspond bien à l’organisation des châteaux des XIe XIIe siècles qui comportait fréquemment des défenses échelonnées en hauteur et en profondeur: donjon, enceinte et basse-cour. Composée peut-être à l’origine d’un rempart de terre sommé d’une palissade en bois et doublé d’un fossé, la fortification de la basse-cour fut ultérieurement remplacée par un mur de pierre épais de deux pieds et haut de quatre mètres par endroit. Cette clôture avait à n’en pas douter la fonction de protéger le village face à une éventuelle attaque de rôdeurs, mais correspondait très probablement à une volonté de matérialiser le territoire dépendant du seigneur, à l’imitation des parcs ducaux et des enclos de manoirs. Ayant une circonférence de 800 mètres, cette première enceinte englobait une superficie d’environ trois hectares, y compris le château.
Un microcosme seigneurial
Le Juch représente ainsi composé d’un château auprès duquel se serraient les habitations de quelques vassaux, deux moulins ainsi que des communs et quelques
bâtiments de la seigneurie à usage administratif et judiciaire. Les châtelains ne cherchèrent pas ou ne voulurent promouvoir l’essor de ce village et se contentèrent d’autoriser l’accès à l’église tréviale aux gens de leur suite ainsi qu’aux manants, l’inhumation étant réservée aux seigneurs du Juch qui y avaient leur tombeau, ainsi qu’aux officiers de la seigneurie.
Description d’ensemble et état des vestiges.
Nous ne possédons aucune description ancienne du château. Dès le début du XIX siècle, les voyageurs romantiques n’y découvraient plus que les vestiges de quelques pans de murs. Lors de son voyage à travers le Finistère, en 1836, E. Souvestre s’arrêta au Juch et visita les vestiges :
«Sur un mamelon, les débris du château des seigneurs du Juch : quelques pans de murs, et une immense fenêtre, voilà ce qui reste sur le sol pour témoigner de la puissance d’une des plus anciennes maisons de la Bretagne.››
Appuyés au mur d`enceinte à l’ouest, les logis s`organisent autour du donjon sans y être accolés. En effet, un dégagement large de 5 m entoure celui-ci de toutes parts. Les habitations formaient des pièces variant de 6,50 m à 10 m par 5 m de large. L’aile nord des logis était certainement réservée au seigneur car on y retrouve les plus grandes pièces, avoisinant toutes les 50 m2.
Matériaux et mise en œuvre
La pierre utilisée dans la construction est un granite tendre, jaunâtre, facile à travailler. Elle est extraite sur place, sans doute lors du creusement des fossés ou peut-être de la réalisation de caves.
Dans l’ensemble, les parements de l’enceinte sont en moellons appareillés. Dans la partie nord des courtines, les assises de moellons ont une hauteur moyenne variant de 15 à 18 cm.
À l’ouest, les moellons sont plus grossiers et sont assemblés par calages triangulaires : des cailloux de petites dimensions servaient à «caler» les moellons de format hétérogène sommairement assisés. Serait-ce les restes de l`enceinte primitive du XIIe ou XIII° siècle
Le «Donjon››, quant à lui, nous montre des assises variant de 28 à 32 cm, ce qui nous mènerait à la fin du Moyen Age comme époque probable d’édification.