Une partie des métiers exercés au Juch autrefois ?
L’étude de la liste électorale de 1905 – elle ne concerne, hélas, que les hommes, les femmes n’ayant pas encore le droit de vote – donne ceci : 124 cultivateurs, 31 journaliers, 25 vanniers, 10 menuisiers, 9 tailleurs d’habits, 8 domestiques, 6 cabaretiers, 5 tailleurs de pierre, 4 blanchisseurs, 5 forgerons, 2 meuniers, 2 tisserands, 1 chef de gare, 1 bedeau, 1 boulanger, 1 cantonnier, 1 fournier (chauffeur de fours à pain), 1 cordonnier, 1 maître d’école, 1 étudiant séminariste et le desservant du recteur. Cette liste fait abstraction d’autres métiers existants, tels que, pour les hommes, sabotier, scieur de long, tueur de cochons, taupier (chasseur de taupes), etc., et pour les femmes, repasseuses de coiffes, commerçantes en tissus, couturières, lavandières, blanchisseuses, marchandes de poisson, etc.
Plus tard, outre les nombreux bistrots-épicerie-mercerie-tabac, apparaîtront – dans ou près du bourg -, une fromagerie, une laiterie, des bouchers-charcutiers, des traiteurs pour les noces, etc. Mais, avec la progressive transformation, puis la disparition de la société paysanne au cours du XX* siècle, une partie de ces métiers s’en est allée. Les autres, la clientèle se raréfiant dans les années
1970-80, cesseront également. Aujourd’hui, à l’exception des agriculteurs, de quelques fonctionnaires, artisans et professions libérales, les habitants travaillent tous à l’extérieur de la commune.
L’évolution de la population a suivi le même cheminement négatif. D’après les recensements, en 1901, la commune comptait 1 038 habitants. Ce chiffre n’a fait que décliner par la suite, descendant à 810 habitants en 1946 puis à 692 en 1968, pour remonter à 755 en 1990. Elle est à ce jour en 2019 à 670 habitants .
Le boucher
Le boulanger
Le forgeron
Le fromager
Le meunier
Le taupier
Le sabotier
Le tailleur d’habits
Le tailleur de pierres
Le boucher
Jusqu’à la généralisation du froid, l’abattage des bêtes et le commerce des viandes a présenté un inconvénient majeur : celui de la conservation. On ne tuait des bovins que lorsque l’utilisation était assurée dans un délai relativement court. Cela ne posait aucun problème pour les mariages où l’on tuait une grosse bête, qui était consommée de suite lors du repas de noce.
Le porc présentait moins de problème. On vendait de suite le maigre et on salait le gras vendu ensuite au gré de la demande.
Au début du XX ème siècle, une dame de Guengat « Catherine ar c’hig » faisait une tournée par semaine au bourg. Cette tournée de viande a continué jusqu’aux années 1990, faite par la même famille Quillien.
Dans les années 1920, un boucher s’est installé au Juch, puis deux autres après la guerre 39-45. Deux d’entre eux tenaient en plus une échoppe aux halles de Douarnenez. L’une après l’autre, ces boucheries ont fermé ; la dernière dans les années 1980.
Le boulanger
Sur la liste électorale de 1903, on trouvait un boulanger et un fournier.
La différence entre les deux métiers : le boulanger préparait et pétrissait lui-même sa pâte avant de la cuire dans son four ; le fournier se contentait de cuire la pâte qu’on lui amenait.
Le fournier allumait son four une fois par semaine, le vendredi. Les particuliers élaboraient la pâte à leur domicile puis l’amenaient à cuire. Le fournier ne cuisait que le pain noir en des tourtes pesant jusqu’à dix livres (5 kg). Il a cessé son activité entre les deux guerres au bourg.
Le boulanger se consacrait principalement au pain blanc. Les fournées étaient plus fréquentes. Il y eut deux boulangers jusqu’aux années 1960, le dernier dans les années 1970.
Accessoirement, les fours cuisaient les pâtés à l’occasion du sacrifice du cochon (Fest an oc’h), les plats de pommes, de riz au lait, de rôti et tout ce qu’on amenait.
Le forgeron
Ce métier faisait l’objet d’activités très intenses : une forge au bourg et une autre à Ménez-Merdy.
Leur travail était très varié : depuis le ferrage des chevaux jusqu’au façonnage et affûtage des outils aratoires.
Le cerclage des roues de charrettes était une opération délicate qui demandait beaucoup de rapidité, d’attention.
« Le vieux Roussel avait une manie : celle de se promener au bourg avec une enclume sur l’épaule. Il menaçait de tout laisser tomber sur le comptoir si on lui refusait à boire. »
Le fromager
Une laiterie s’était montée dans les années 1910-1911 sur la route de la gare d’où le nom du quartier actuel : « quartier de la laiterie ». Cette affaire qui prospéra tout de suite fabriquait du camembert, un excellent Port-Salut et du beurre. Les produits étaient commercialisés sous la marque « Laiterie de la chapelle ».
La consommation du camembert était banalisée au bourg. La portion de camembert non conditionné dans sa boîte se vendait 4 sous « pevar gwenneg ».
Les sous-produits de l’entreprise servaient à nourrir les porcs.
Le lait se ramassait par char à bancs, en pots, dans les communes environnantes, plus que sur Le Juch. Localement on préférait vendre le beurre en ville et garder le petit lait pour la ferme.
La conservation par le froid n’existait pas encore et tous les agriculteurs étaient arrivés à préférer écrémer le lait et vendre le beurre aux marchands de beurre qui s’étaient installés plus tard. Deux marchands de beurre ont exercé à partir des années 1920. Le dernier a cessé son activité vers 1970 pour se consacrer à la fabrication de crêpes (Gloaguen).
Cette évolution et cette modification des comportements, joints à de graves problèmes familiaux ont amené la fermeture de l’entreprise au début des années 1930.
Pierre Dornic est l’inventeur de l’acidimètre, appareil qui sert à mesurer l’acidité du lait.
Le meunier
Deux moulins ont tourné jusqu’aux années d’après-guerre 39-45 : le moulin du Juch et le moulin de Kerflous. Autrefois, le rôle du moulin, donc celui du meunier, était très important dans la société autarcique existante. Le seigle pour le pain noir et le blé noir pour les galettes étaient la base de l’alimentation. Ces céréales produites sur la commune devaient de façon obligatoire passer par le moulin pour la mouture, de même que l’orge et l’avoine pour la nourriture du bétail et des cochons. L’activité de ces moulins s’est étiolée avec l’arrivée progressive des moteurs et de l’électricité qui actionnaient les broyeurs à grain pour les bêtes, et, d’un autre côté à cause de l’emprise des minoteries sur les fournitures de farine pour l’alimentation humaine qui changeait.
Le déclin avait commencé entre les deux guerres.
La rétribution du meunier se faisait en prélevant un pourcentage en poids sur la mouture (de 10 à 12 %), « ar gob ».
Le taupier
Au début du XX ème siècle, la profession de taupier est mentionnée sur une liste de recensement.
Le taupier était connu sous le nom de Louis Go. En réalité, il s’appelait Le Droff mais on lui avait attribué le nom de sa profession.
La peau des taupes était recherchée pour faire des manteaux de fourrure.
Entre les deux guerres, de nombreux cultivateurs, surtout les ouvriers de ferme arrondissaient leurs gages avec la vente des peaux de taupe le jour de la foire Saint-Corentin à Quimper. Il en était de même pour le crin de la queue de cheval.
Le sabotier
Cette profession a été pratiquée à partir de 1934, rue de l’école au bourg, dans l’ancien fournil du fournier.
Les grumes étaient livrées au chantier, débitées à la longueur du sabot. Ensuite le bois se travaillait à l’abri pour la forme du sabot et son creusement.
Les outils étaient tout simples : une passe pour abattre les arbres et couper les billes à la pointure demandée, une hache pour fendre le bois et formé le sabot, une gouge en forme de cuillère pour le creuser et un paroir pour finir l’extérieur.
Une autre forme d’exploitation plus ancienne était courante : celle de travailler le bois sur la coupe même, c’est-à-dire directement en forêt. Cela évitait de transporter les grumes de bois ; les sabots finis étaient plus faciles à transporter. Les sabotiers aménageaient des huttes rudimentaires (lochou), y vivaient (Ils y faisaient la cuisine et y dormaient.) et y travaillaient toute la semaine et ne rentraient en famille que le samedi soir.
Certaines personnes âgées se souviennent d’une coupe de bois exploitée sur place à Kervellou (Stang Keryannou) vers les années 1927-1928.
Le tailleur d’habits
Au début du XX ème siècle, il y avait neuf tailleurs de vêtements au Juch. Ils étaient tous faits sur mesure. Le costume breton demandait un savoir-faire et une minutie sortant du commun. Tout se faisait à la main avant l’arrivée des machines à coudre vers 1910.
Mr Guichaoua et Jean Cariou ont été les derniers tailleurs d’habits.
Jean Cariou était aussi mercier, bistrotier et à l’occasion coiffeur.
Le tailleur de pierres
L’exploitation de la carrière, assez importante au début du XX ème siècle, se faisait au Gloanec en Kerlaz. (Fin de l’exploitation vers 1955)
Cette carrière employait plusieurs personnes habitant sur Le Juch, le long de la route qui conduit au Pont-braz au lieu rusloquet vian.
L’activité consistait en l’extraction de moellons pour la construction et de blocs pour la taille.
La taille trouvait un débouché dans la fourniture d’encadrement de porte et de fenêtres et le travail de la pierre pour les monuments funéraires, d’ailleurs assez nombreux au cimetière communal du Juch.
Depuis, les façades ne se font guère plus en pierre de taille. L’encadrement des ouvertures vient d’ailleurs.
La monumentale pierre qui a servie à réaliser la statue équestre du baron du Juch, œuvre de Hervé Goaër, derrière l’église est venue du Rohou.
Une autre origine des pierres de taille est le Zal (là où se trouvait le château). Ronan de Kéroulas y a extrait et taillé avec art ce granit.