» Mes chers amis, … Recevant une petite lettre de mes parents ce matin, ils m’ont fait savoir que vous avez été chez moi un de ces derniers jours pour avoir quelques renseignements sur votre fils Jean, qui était avec moi à la même compagnie. Ce fut pendant mon temps au front mon plus grand camarade, jamais on ne s’était quitté là-bas.
On était monté aux tranchées ensemble le jeudi 20 septembre, on se reposa le 24, jour avant l’attaque dans les trous, ou mieux dans les « sapes » qui servent d’abris. Et alors le soir du 24 on montait en première ligne, et le jour après, le 25, on devait attaquer. C’est ce qu’on fit, à 12 h 25, le signal était donné. Je vis mon camarade Jean à 11 h. Et depuis je ne l’ai pas revu. J’ai passé 3 jours encore après avec la compagnie et je ne l’ai pas vu. J’avais demandé si Renevot était toujours et on me répondit …
Comme vous avez demandé la vérité, je vous le dis : Soyez tranquille, famille Renevot, votre fils repose au plus haut des cieux, tombé en face de l’ennemi, le samedi 25 septembre 1915, à 12 h 30, à l’attaque que l’on fit entre Souchez et Albin-Saint-Nazaire … »