Mobilisé le 3 août 1914 :

Jean Guillaume NEDELEC

Au 118 ème R.I. à Quimper, à la 28 ème compagnie, désigné comme planton à la gare jusqu’au 26. Parti de Quimper le 8 septembre comme volontaire à la place du caporal Bonis qui pleurait. Arrivé au front le 18, versé le lendemain à la 4 ème Cie, monté en ligne le 20 à la ferme de la Marquise.

A la Marquise, nous sommes restés 48 heures, d’où nous avons fait 5 jours de marche, pour embarquer à Compiègne à destination de la Somme. Nous serons attaqués à Aveluir le 29 septembre où j’étais agent de liaison entre la première et la deuxième vague. De là, nous sommes allés renforcer le 62 ème, montés au château de Beaumont où une compagnie du 62 ème descendait dans la nuit. J’avais été en patrouille à 3 heures du matin, les Allemands ayant attaqué le 2 ème bataillon. On nous fait descendre pour monter en face de Beaumont où je ne faisais qu’une patrouille tous les deux jours ; sommes attaqués à Beaumont le 20 novembre où nous n’avons pu sortir que pour manger la neige toute la nuit. De là nous sommes arrivés devant la Boisselle que nous avons attaquée le 24 décembre. Le 27, je commandais une section de garde dans la ferme de la Boisselle quand je vis un officier allemand voulant faire sortir ses hommes à coups de matraque. En voyant cela, je me suis précipité et j’ai tué l’officier et l’attaque a été arrêtée sur le coup, ce qui m’a valu une citation à l’ordre de l’Armée et d’être décoré de la Croix de Guerre. 

Le 15 mars 1915, le génie ayant fait sauter une mine dans l’îlot, je l’avais occupé avec mes hommes et organisé un parapet sous le feu de l’ennemi, moi-même posant les sacs sur le parapet pendant que mes hommes me les passaient, abritant ainsi toute la compagnie. Là, tous les hommes qui étaient avec moi furent cités, et moi-même proposé pour la médaille Militaire … mais malheureusement pour moi, ni médaille, ni citation n’étaient revenues. Le 20 mai, nous sommes au Tambour Duclos en face de Frécourt, nous avons essuyé un bombardement terrible où la moitié de mes hommes avaient été tués ou enterrés ; forcé d’organiser le parapet démoli, moi-même avec l’aide de 4 de mes hommes. Je suis proposé une deuxième fois pour la médaille Militaire, mais rien ne vient encore. Voyant çà, le capitaine Branco me dit que « comme il y a huit mois que vous commandez une section, et que je ne peux rien obtenir pour vous, je vais vous donner un poste d’honneur, et je vous mets sergent grenadier ». Après nous sommes partis en Champagne, attaquons le 25 septembre, où nous avons avancé rapidement sur Tahur. Le 28, le capitaine me dit de chercher des volontaires de la compagnie pour faire une patrouille dans un élément de la Brosse-à-Dents, pour savoir si les Allemands avaient maintenu la tranchée de cet élément ou non, où il y avait eu un combat le 25. Dans la compagnie, je n’avais trouvé que 4 volontaires et c’étaient mes grenadiers. Heureusement que le capitaine avait demandé de venir avec moi comme homme et non comme capitaine ; la patrouille avait bien réussi, et une heure après, le bataillon occupait la tranchée. Le 6 octobre nous attaquons de nouveau ; mon officier ayant été blessé en sortant de la tranchée, je pris le commandement de la section que je fis progresser jusqu’au moment où je reçus une balle dans la tête, au moment où je piquais un Allemand avec ma baïonnette.

J’ai été décoré de la médaille Militaire le 26 mai 1916, pour prendre rang du 25 avril 1916. Versé au 418 ème R.I. le 5 août 1916 comme sergent mitrailleur, blessé le 16 avril 1917 à l’attaque des Chemins des Dames devant la sucrerie Cerney, évacué à l’arrière, rétabli, versé au 234 ème R.I. le 20 août 1917 où j’ai pris position juste à l’endroit où j’avais été blessé le 16 avril; 

de là nous sommes allés à Verdun, où j’avais été nommé adjudant, pour venir faire l’attaque de Crémaille-Crémoiselle à la côte 105 où nous sommes arrivés; les Allemands ayant voulu contre-attaquer, je les ai empêchés de déboucher du bois par le tir de mes mitrailleuses. Malheureusement tous mes hommes ont été blessés ou tués sauf 4, un sergent et un caporal, après avoir vidé 13 caisses de munitions, ce qui m’a valu une citation à l’ordre de la Division. 

Par la suite, nous nous sommes portés à l’avant jusqu’à Mont-Notre-Dame avec beaucoup de peine, pour porter nos deux mitrailleuses et une caisse de cartouches. Quatre jours plus tard, le capitaine voulut me proposer comme sous-lieutenant, mais j’ai refusé. De là, nous sommes allés en Alsace pour prendre position pour une nouvelle attaque lorsque l’Armistice fut signé le 11 novembre 1918. Nous avons été ensuite à Mulhouse, où j’ai été démobilisé avec 7 citations qui m’ont valu : Croix de Guerre en 1914, médaille Militaire en 1916 (que j’aurais dû avoir en 1915, étant donné que j’étais le premier médaillé dans le département), ensuite j’ai eu la Distinguer Cross, distinction anglaise la plus haute, et par-dessus tout, je fus décoré de la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur le 11 novembre 1938. Et enfin, comme tout poilu, la médaille de la Reconnaissance de l’Armée Française.

Le couple NEDELEC