Les restrictions

Au début de la guerre, les approvisionnements étaient normaux. Mais la pénurie s’installa. Les tickets de pains datent de l’automne 1940, puis tout a suivi.
Pour les tickets d’alimentation, les consommateurs sont classés en catégorie suivant leurs besoins et en fonction de l’âge, de leur travail et de leur état. Voici les catégories : B.B., J.1, J.2, J.3 (les J.3 s’arrêtaient aux 20 ans), ensuite, les adultes, les travailleurs de force, les femmes enceintes et tout ce qui implique une naissance. Les jeunes J.3, on les disait favorisés, parce qu’ils avaient besoin de faire leur croissance. Tous les hommes adultes avaient droit à leur ration de tabac : 3 paquets par mois ou 6 paquets de cigarettes. Le tabac non fumé par certains était une bonne monnaie d’échange. Ceux qui en manquaient s’étaient essayés parfois à la culture du tabac et à sa préparation avec plus ou moins de réussite.

La nourriture

Tout était contingenté et faisait l’objet d’attribution régulière ou exceptionnelle : pain, sucre, matière grasse, farine, riz, café, chicoré, etc.…
Dans les écoles, on distribuait les biscuits vitaminés du Maréchal.
Pour remplacer le café, toutes les fermes cultivaient un peu d’orge que l’on grillait chez le boulanger. Certains ont même essayé de griller des glands. Le sucre était remplacé par la saccharine, le pain était gris, fait avec du son additionné de farine de maïs ou de fèves.

Les crêpes

Les poêles à crêpes n’ont jamais travaillé autant. Le blé noir était produit dans toutes les fermes ; non contingenté, il remplaçait le pain pour tremper dans le potage. Le blé noir a été une céréale providentielle dans les campagnes. Les pommes de terre et les légumes secs de plein champ ne manquaient pas au Juch. Le cochon seul était sacrifié du fait que le seul moyen de conservation était la salaison.
Le monde rural a souffert beaucoup moins que les grandes villes, dans lesquelles on ne mangeait pas à sa faim faute d’avoir des relations avec les ruraux (la solidarité jouait à plein). D’autre part pour faire des crêpes, d’abord il fallait des biligs et il fallait savoir les faire. Pour tous ces paramètres, les farines de blé noir n’étaient utilisées qu’en campagne et en crêperie.

Les quantités et qualité

La qualité des produits manufacturés baissa et devint de plus en plus médiocre, tels les textiles, les chaussures à semelle de bois articulée font leur apparition. Cela s’ajoutait à la pénurie Des nouvelles habitudes sont prises et des traditions sont abandonnées, tel le port du chapeau par les dames remplacées par une foulard monté de plusieurs façons ou par un fichu. Le béret basque devient presque l’emblème national.
La façon de s’éclairer change dans les campagnes : faute de pétrole, la lampe à acétylène fait son apparition. Plusieurs fermes, une quinzaine, s’étaient équipées d’éolienne à la fin de la guerre et tout de suite à la libération.