Dans le Kannad (bulletin paroissial en Breton), on retrouve les lettres suivantes :
Guillaume Bihan du Merdy écrit :
24 août 1914. Ma lettre sera la dernière d’ici car nous partons ce soir à une destination inconnue. Nous irons sûrement sur les frontières, je crois que nous n’irons pas tout de suite sur la ligne du feu, mais je suis content d’y aller, j’espère qu’avec la protection du bon Dieu et de la Sainte Vierge je reviendrais victorieux avec mes camarades ; enfin s’il faut mourir sur le champ de bataille, je mourrai pour la gloire et la liberté de la France…
15 septembre. Je n’ai guère le temps et je n’ai pas de papier, et par ici on ne trouve rien. Presque toutes les maisons ont été pillées par les Allemands. Le combat continue, j’entends le canon résonner du matin au soir et souvent les coups de fusil, enfin jusqu’à présent je n’ai pas encore eu aucun mal. J’espère … j’arriverai dans quelques semaines à la maison sain et sauf de tous ses périls. … Nous avons dû faire jusqu’à 104 km dans l’espace d’un jour et d’une nuit.
Le 14 octobre. Je suis toujours en bonne santé. J’ai reçu le colis qu’on m’a expédié de Quimper… Un peu de beurre de Bretagne me ferait bien plaisir, si cela ne vous donne pas trop d’embarras nous recevons assez de viande, mais je ne puis pas la manger. »
Guillaume Le Bihan est mort le 28 octobre 1914 à l’hôpital de Compiègne (Oise) de maladie contractée
au service (fièvre typhoïde). Il avait 31 ans.
Henri Gourmelen de Lézarlé écrit :
Je suis blessé depuis le 20 septembre et suis soigné par des médecins français à la Croix Rouge Française dans les lignes allemandes. Je suis bien mieux maintenant. Donc pas d’inquiétude à mon sujet…
Voilà 36 jours depuis que j’ai reçu une balle dans la cuisse à hauteur de la hanche. Je suis toujours au lit, je ne souffre plus de ma cuisse cassée. Dans quelques semaines je serai guéri. Vous pourrez vous réjouir de ma retrouver avec tous mes membres après la guerre…
Henri Gourmelen a disparu au cours d’un combat le 20 novembre 1914 à Chauny (Oise). Il avait 31 ans.
Dans le kannad du mois de novembre 1915, Jean Neildé écrit une lettre au recteur et parle de Pierre Joncour disparu au combat à Tahure (Marne)
Le 25 septembre 1915 :
« Le 28 octobre 1915. Monsieur le recteur, j’ai à vous faire part de ma nouvelle adresse. J’ai quitté les brancardiers divisionnaires pour les brancardiers régimentaires, du moins provisoirement…
En ce moment, je suis dans les tranchées d’arrière, je suis au même bataillon que René Kéribin. Il m’a fait part de votre lettre demandant des renseignements sur la mort de Pierre Joncour et il me charge de vous transmettre la réponse. il a su par d’autres brancardiers que Pierre Joncour a été blessé d’un éclat d’obus aux reins, très grièvement. Les brancardiers l’ont relevé et amené dans un gourbi, là, il est mort quelques temps après. Ensuite il a été enterré à côté, à environ un kilomètre au sud de Tahure. Kéribin est allé aujourd’hui à la recherche de sa tombe, mais il n’a pu sortir des boyaux pour aller dans la plaine ; les boches marmitaient trop l’endroit où il croyait trouver la tombe de Joncour. Si nous restons dans ce secteur, nous chercherons encore, il faut espérer que l’ennemi ne bombardera pas tous les jours comme aujourd’hui. Lorsque vous donnerez ces renseignements à la femme de Pierre Joncour, veuillez lui présenter mes condoléances et lui dire que nous ferons tout notre possible, Kéribin et moi, pour aller dire un De profundis sur la tombe de son mari…
Dans le kannad d’avril 1916, une lettre de René Rospars à propos de Jean-Guillaume Renevot du Vern
Trouville, le 29 octobre 1915
» Mes chers amis, … Recevant une petite lettre de mes parents ce matin, ils m’ont fait savoir que vous avez été chez moi un de ces derniers jours pour avoir quelques renseignements sur votre fils Jean, qui était avec moi à la même compagnie. Ce fut pendant mon temps au front mon plus grand camarade, jamais on ne s’était quitté là-bas.
On était monté aux tranchées ensemble le jeudi 20 septembre, on se reposa le 24, jour avant l’attaque dans les trous, ou mieux dans les « sapes » qui servent d’abris. Et alors le soir du 24 on montait en première ligne, et le jour après, le 25, on devait attaquer. C’est ce qu’on fit, à 12 h 25, le signal était donné. Je vis mon camarade Jean à 11 h. Et depuis je ne l’ai pas revu. J’ai passé 3 jours encore après avec la compagnie et je ne l’ai pas vu. J’avais demandé si Renevot était toujours et on me répondit …
Comme vous avez demandé la vérité, je vous le dis : Soyez tranquille, famille Renevot, votre fils repose au plus haut des cieux, tombé en face de l’ennemi, le samedi 25 septembre 1915, à 12 h 30, à l’attaque que l’on fit entre Souchez et Albin-Saint-Nazaire … »
Dans le kannad de septembre 1917 :
Monsieur le maire du Juch
J’ai l’honneur de vous informer que, d’un avis officiel émanant du ministère de la guerre, il résulte que le soldat Quéméner, Hervé Marie est disparu à N.-de-Craonnelle (Aisne), le 17 avril 1917, présumé décédé. »